DERRIÈRE CETTE FAÇADE, DIX SIÈCLES D'HISTOIRE
Au voisinage immédiat du bourg, le château de Nesmy, dont vous pouvez visiter le parc, est riche d'une histoire très ancienne.
Au Moyen-âge, la terre et la seigneurie de Nesmy étaient une châtelainerie avec droit de haute et basse justice. Ses éléments les plus anciens datent du XIème siècle : le château a été édifié sur les fondations d'un très ancien domaine. Les seigneurs du lieu sont mentionnés dans le cartulaire de Sainte Croix de Talmont, dont 68 des 536 chartes, de 1049 à 1254, concernent Nesmy. Le château de Nesmy est toujours resté dans la même famille. Il a connu des successions d'oncle à neveu ou à nièce, de beau-père à gendre, mais n'a été vendu qu'une fois, en 1596, de manière interne à la famille qui occupe les lieux.
Le plus ancien seigneur connu à Nesmy est Ascelin de Nesmy, auquel succède son fils Ponce en 1060, puis Jean en 1100, Hugues en 1120, et Jean II en 1140.
Suivent alors trois successions de père à gendre, jusqu'à Charuyau en 1223 dont la descendante épouse au début du XIVe siècle N de Sainte Flayve.
Jeanne de Sainte Flayve épouse vers 1350 Géhudin Chabot auquel succède son fils Tristan Chabot. Nesmy restera dans la famille Chabot jusqu'au XVIe siècle, et le mariage de Catherine Chabot avec Guy Mauclerc vers 1500. Leur fils Léon leur succéde, qui épouse en 1539 Antoinette de Volvire. La fille de Léon, Marie Mauclerc, épouse en 1557 Jacques de Saint Savin puis en 1576 Antoine Lignaud de Lussac qui vendra Nesmy en 1596 à son cousin Isaac Chabot, descendant de Tristan Chabot.
Isaac Chabot épouse Crispe Tinguy des Oudairies, puis Eléonore Bodin de la Barre des Cousteaux. La famille de Tinguy entre ainsi à Nesmy...
Au XVIIIème siècle, le château de Nesmy présente l'apparence d'un logis vendéen typique. Ses fenêtres à meneaux (dont des fragments ont été retrouvés en 2007 à l'occasion de travaux de terrassement) viennent d'être remplacées par de hautes ouvertures cintrées en granit. Du bâtiment actuel est présent le corps central.
La révolution survient, et avec elle les troubles des années 1793 et suivantes. Nesmy voit passer les colonnes infernales, une plaque sur l'église paroissiale le rappelle. Le château est pillé, et en partie incendié. Ses occupants s'illustrent lors de la défense de la presqu'ile de Noirmoutiers, ou, légitimistes de la première heure, aux côtés de la duchesse de Berry.
La famille de Tinguy reste à Nesmy du XVIe au XIXe siècle. On peut citer successivement :
- Benjamin Tinguy, mari de Anne Bertrand,
- Abraham Tinguy, mari de Suzanne Bodin puis Marie Bejarry,
- Charles Tinguy, mari de Israëlite Mauclerc (1671), puis Jeanne Suzane Gourjault,
- Pierre-Benjamin Tinguy, mari de Marie-Anne Cicotteau (1713),
- Charles-Louis Tinguy, mari de Marie-Anne-Elisabeth de Montsorbier (1758),
- Louis-Ferdinand de Tinguy, mari de Henriette de Sallo (an IX - 1800),
- Charles-Louis de Tinguy, mari de Mathilde-Sophie Locquet de Grandville,
- Charles-Albert de Tinguy, mari de Mathilde de Moulins de Rochefort (1863).
Au XIXème siècle, la vie peut enfin reprendre ses droits en Vendée.
Charles et Mathilde de Tinguy entreprennent à partir de 1842 d'importants travaux d'aménagement et de restructuration tant du château que du parc.
Sous le contrôle de l'architecte Liberge, les tours rondes sont ajoutées à la façade, et les toitures sont réhaussées, avec transformation des lucarnes.
Les dépendances sont transférées à leur emplacement actuel. Elles sont construites avec une forme de "H", et adoptent une architecture de type italien, avec des fenêtres basses et larges, dont les encadrement de calcaire remplacent le granite vendéen. Ces communs comportent une cour d'honneur et une cour intérieure, sur laquelle donnent différents locaux, notamment une buanderie, une boulangerie, trois écuries, une sellerie, un séchoir, des greniers à fourrage et un abri à charrettes...
De son coté, le pépiniériste-paysagiste angevin André leroy (auteur du jardin du mail à Angers), transforme le parc et les jardins. Ses plans, signés, ont été retrouvés. Ils sont datés de 1842. Ils mettent fin à l'ancien aspect classique du parc. Ses contours forment un ensemble de 45 hectares, clos d'une ceinture d'arbres composée de bosquets aux essences précieuses telles que cyprès chauves, séquoïas, pins laricio, ifs, hêtres pourpres, etc. Un chemin, appelé "chemin des dames", permet d'en faire le tour en calèche. Ce chemin privé, entretenu par les propriétaires actuels, existe toujours, de même que les savants dessins des bosquets voulus par Leroy.
En 1860, les travaux prennent une impulsion nouvelle, toujours à l'appel de la famille de Tinguy :
Guillerot, architecte yonnais, modernise le château. Deux tours carrées, ou pavillons, donnant sur la terrasse du XVème qui surplombe l'étang, sont rajoutés, surmontés de petits clochetons. La façade reçoit un fronton encadré de martiales échauguettes sur lesquelles veillent deux statues lansquenets, le visage dans le lointain - et les chouettes qui veulent bien y habiter.
L'aménagement du parc se poursuit, attribué par l'abbé Sireau, référence de l'histoire du canton dans son ouvrage de 1964, aux frères Bühler, architectes paysagistes de renom. Ils créent un canal et trois nouveaux étangs dans les prairies humides du parc. Des "cônes de vue" sont aménagés, qui donnent vers des points remarquables du parc (belvédère de Belle-Croix, qui donne son nom à la paroisse, pavillon du garde chasse). Ils sont destinés à être vus depuis la terrasse du château. Particulièrement visibles sur les photographies aériennes de Nesmy, ils sont en cours de restauration par les actuels propriétaires, pour retrouver les perspectives initiales et les mettre en valeur.
On peut dire alors que Nesmy a acquis sa physionomie actuelle.
Charles-Albert de Tinguy lègue Nesmy au fils de sa nièce Marie-Thérèse de Saint-Meleuc qui avait épousé en 1883 Henri de Monti de Rezé. Edouard-Henri de Monti de Rezé, sans postérité, laisse Nesmy à ses neveux, Hugues et Marc d'Orfeuille. A leur décès, en 2006, leur petite nièce (petite fille de Marie-Antoinette d'Albignac, née d'Orfeuille, tante des précédents) et filleule, Elisabeth Chapelle leur succède avec son mari André.
Les documents qui illustrent cette page témoignent des différentes étapes de la construction du château de Nesmy et de l'élaboration de son parc. On trouve ainsi une gravure de Nesmy en 1809, et des plans du parc en 1828, d'une esquisse d'André Leroy, daté et signé en 1842 et d'un relevé de géomètre en 1925. Quelques photographies (très) anciennes figurent également.
LE TRÉSOR DU CHÂTEAU DE NESMY...
Un trésor gaulois trouvé dans l'étang du château de Nesmy
En 1759, Charles-Louis de Tinguy, époux de Marie de Montsorbier, décide de curer l'étang du château. Mais au milieu des travaux, l'entrepreneur, Louis Laydet, congédie ses ouvriers, sous des prétextes alambiqués. Il s'enrichit subitement...
En 1760, alors que l'étang est à nouveau à sec, une cache est découverte, dans laquelle Charles-Louis de Tinguy trouve un lingot d'or. C'est grâce au procès qui s'ensuivra que le détail du trésor du château de Nesmy est connu. Les procès-verbaux dressent la liste des objets dérobés, malheureusement fondus par des receleurs. On cite ainsi plus de trente rollets (lingots d'or), une serpe d'or, des couteaux, bijoux, une hache double, etc.
Plus de détails sur cette découverte, et sur le procès associé figurent dans la "Lettre à Jules Quicherat, directeur de l’École des chartes sur une découverte d'objets gaulois en or faite en 1759 dans l'étang de Nesmy (Vendée)". Ce document est aussi très utile pour comprendre l'histoire du réseau hydraulique du parc du château de Nesmy.